Comme toute forme de mouvement existant, le féminisme possède une variante extrémiste. Si depuis des décennies les femmes se battent pour leur droit, elles ne le font pas toutes de la même manière. Leurs revendications féministes ne sont pas forcément aux mêmes degrés. Lorsque le féminisme libéral réclame l’égalité homme/femme, le féminisme radical prône, lui, le séparatisme des sexes.
Comprendre le féminisme radical
Le féminisme radical lutte lui aussi pour les droits féminins et l’émancipation de la femme au sein de la société. Cette forme extrémiste est arrivée dans les années 60. Elle est initiée dans les pays anglo-saxons avant d’arriver en France, notamment par le mouvement de libération des femmes. Ce mouvement 100% féminin dénonce le patriarcat dans la société et revendique la « libre disposition du corps des femmes ». Il s’inscrit dans les événements de mai 1968.
La différence flagrante de ce mouvement radical est le degré des revendications exprimées. Les militantes radicales privilégient la solidarité féminine et vont même jusqu’à défendre la non-mixité dans les groupes sociaux. Elles s’accordent toutes sur la dénonciation d’un caractère sexiste omniprésent dans la société. Le modèle patriarcal est pour elles dominant et conditionne les femmes à la soumission et à l’exécution du désir des hommes.
D’autres sujets comme le mariage, sont considérés comme des leviers de renfermement, notamment par rapport aux tâches domestiques, attribuées en fonction du sexe.
Il faut par ailleurs savoir que le féminisme radical contient plusieurs branches qui diffèrent selon certaines idéologies. Le féminisme matérialiste, par exemple, s’oriente essentiellement vers l’utilisation des nouvelles technologies, substituant l’homme, ou libérant la femme de la charge maternelle.
Certaines idées font en revanche l’objet de controverses au sein du mouvement radical. La pornographie, par exemple, a suscité de nombreux débats entre des militantes du féminisme matérialisme et du mouvement Queer. Ce dernier fait partie du féminisme radical et met en avant l’idée selon laquelle le sexe ne serait pas déterminé biologiquement. Ce serait l’environnement et l’éducation de la personne qui détermineraient son sexe.
D’ailleurs, la question de la transexualité a elle aussi, divisé certaines féministes. Pour des militantes comme Catharine MacKinnon, « toute personne s’identifiant comme femme, voulant être une femme ou vivant en tant que femme est bien une femme ». Pour d’autres, comme Isabelle Alonso, être femme est un facteur déterminé dès la naissance, sans changement possible par la suite.
Les raisons de ne pas tomber dans l’extrémisme féministe
Si le féminisme extrémiste fait partie du féminisme général, il est pourtant important de ne pas tomber dans cette forme radicale pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, il ne faut pas oublier l’origine du féminisme. Militer pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Il ne s’agit pas d’avantager les femmes par rapport aux hommes. Le mot « égalité » n’a de fait, plus son sens. Et s’il est tout à fait légitime de revendiquer des droits équivalents à ceux des hommes, il l’est beaucoup moins de réclamer une régression de leurs droits. Il faut garder en tête les objectifs profonds de ce mouvement, sans les disproportionner.
De plus, ces disproportions de droits peuvent générer une certaine haine pour le côté masculin, au point de le boycotter complètement. Ce n’est, une fois de plus, pas le but initial du féminisme. Certains hommes ne conçoivent pas le fait que les femmes se battent pour une égalité des droits et des traitements. Mais ce n’est pas en devenant extrémiste que leur point de vue changera. Bien au contraire. Il générera à son tour une forme de haine. S’en suivra alors un combat, non plus pour l’égalité, mais pour une domination d’un des deux côtés.
Par ailleurs, de nombreuses critiques sont émises sur les abus quant aux dénonciations, notamment des violences sexuelles. L’émancipation du mouvement féministe a en effet permis la mise en place de lois punissant les violences et autres abus. Certaines féministes n’hésitent pas à en abuser. Un message déplacé peut alors devenir un abus sexuel à leurs yeux et créer un effet disproportionné par rapport à une réelle violence comme le viol ou le harcèlement. Cela peut remettre en cause la crédibilité du mouvement entier et ses causes.
Enfin, il ne faut pas tomber dans le féminisme extrémiste, au risque de basculer dans l’intolérance et donc, dans une forme de frustration. Au-delà de ne pas être pris au sérieux, cela alimentera davantage la haine et non le combat pour l’égalité entre individus. C’est justement cette vision erronée du féminisme qui peut amener les mouvements antiféministes à se développer.
Ainsi, il est important de distinguer les différents courants de féminisme et de ne pas basculer dans l’extrémisme au risque de dénaturer le mouvement.
Les
femmes ont aujourd’hui la possibilité de dire ce qu’elles pensent et d’imposer certaines choses à notre société. Cependant il s’avère primordial d’ouvrir le dialogue, de laisser chacun s’exprimer sur sa
définition du féminisme. Et ce, que l’on soit un
homme ou une
femme. Ce n’est pas un débat intersexe mais bien le besoin de chacun de se sentir concerné par les questions de société liées à la place de la femme ouvrant sur celle de
l’homme. C’est un travail commun qui doit être compris tant au niveau politique que des
associations féministes.
Tout dire sans nuancer un propos c’est un message qui passe mal, voire que ne passe pas du tout. Si les hommes veulent se sentir partie prenante du débat il va falloir l’intégrer l’écouter. Si l’on se bat contre le patriarcat, il semble important de ne pas en épouser les codes. Parfois l’extrémisme cache une peur, seule de ne pas être capable de trouver un terrain d’entente entre le sexe féminin et masculin. Pourtant les choses chances, les mentalités évoluent et cela doit nous faire prendre conscience que des actions pacifistes et réfléchies bousculent notre société bien plus que la manière forte où imposer ses idées devient la norme.