Le féminisme et la religion musulmane en Occident et en Afrique
Dans l'imaginaire commun du monde occidental, le terme du mot musulman est généralement utilisé pour désigner les États dans lesquels l'islam est la religion la plus répandue ou dans lesquels il est la religion d'État.
En pratique, ce nom correspond à un très grand territoire composé d'états culturellement et socialement différents.
Dans cet article, nous verrons avec vous comment est perçu l’islam en Afrique et en Occident en associant le féminisme.
Le contexte socioculturel
Les associations entre le monde musulman et les mouvements islamiques extrémistes, les gouvernements autoritaires et les conflits sans fin ne sont que la conséquence de stéréotypes de genre développées au fil des décennies en raison d'une mauvaise connaissance des dynamiques politiques et sociales des États qui en font partie.
Bien que la situation juridique des femmes soit certainement plus pénalisante que ce que l'on peut observer dans les pays occidentaux, ces dernières décennies ont vu le jour des organisations de femmes et militantes féministes. Ceux-ci visant principalement à changer le droit de la famille, qui luttent pour obtenir l'égalité des droits entre hommes et femmes, dont elles réclament des lois contre et les violences sexuelles, qui appellent une augmentation de la participation des femmes dans la sphère économique et politique.
Le rôle de la femme dans la vie sociale et culturelle est fondamental pour comprendre les profondes mutations qui s'opèrent dans le monde arabo-islamique devenu la « libération de la femme » une prémisse indispensable au progrès.
Les États qui composent cet espace présentent des différences inter-régionales en termes de normes de genre, pour la défense du statut juridique des femmes, celles qui gèrent l'accès à l'éducation, la gestion de la fécondité, l'emploi et la participation politique.
Toutes ces différences découlent de leur hétérogénéité politique et des différentes attitudes culturelles liées aux lois de la Charia, qui sont conditionnées par la culture de référence et le contexte dans lequel elles sont appliquées.
Le statut juridique de la femme musulmane
Analyser le rôle que les femmes ont dans les sociétés du monde musulman, en particulier le rôle qu'elles assument au travail, n'est pas un objectif simple.
Le concept de femme musulmane est en soi un concept très large qui ne peut pas être utilisé comme une catégorie généralisée pour parler du rôle que les femmes de religion islamique ont dans les sociétés du monde. Il n'y a pas d'archétype de la femme musulmane, mais plutôt des femmes insérées dans différents groupes et structures socio-économiques et culturels. En effet, un facteur important du statut social et juridique dépend des politiques économiques, sociales et culturelles en vigueur dans les États dans lesquels ils vivent.
À son tour, cela n'implique pas que toutes les femmes soient dans la même condition au sein d'un État, étant elles-mêmes idéologiquement et politiquement divisées. Plusieurs d'entre elles rejettent l'idée de religion et de patriarcat, tandis que d'autres voient dans la religion l'outil pour s'identifier en tant que femmes.
Les femmes musulmanes constituent une partie différente et hétérogène de la population et leur rôle social peut varier au sein d'un même État et dans différents pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, en fonction de la classe sociale, de l'ethnie, de l'âge, de l'éducation et du contexte dans lequel elles vivent, qu'il s'agisse de villes ou de zones rurales.
Néanmoins, dans tous ces États, le rôle que les femmes jouent dans la société, contrairement à ce qui se passe dans d'autres pays, est prescrit par la théologie islamique, qui est un facteur déterminant de la loi. Les femmes ne jouissent pas d'une pleine citoyenneté mais d'une seconde classe, leur subordination n'étant rien d'autre que la conséquence de l'application du droit musulman de la famille, qui découle de normes patriarcales et culturelles ancrées dans le temps.
La forte autorité de la religion islamique au sein de la sphère privée, notamment dans la régulation des dynamiques familiales, trouve ses origines dans la période post-coloniale.
Au cours de ces années, un compromis a été stipulé entre les institutions religieuses et les chefs tribaux : l'État en échange du plein pouvoir politique a permis aux autorités religieuses et tribales de garder le contrôle sur la réglementation des codes de la famille.
Cependant, les Nations Unies et les conventions internationales ont noté l'émergence d'une population de femmes éduquées et politiquement conscientes désireuses d'obtenir une légitimité sociale et juridique et un changement culturel en faveur de l'égalité des sexes.
Par ailleurs, de nombreux États de la région ont décidé d'adhérer aux conventions internationales sur les droits des femmes en adhérant aux orientations émises par l'ONU.
Cela afin d’améliorer leur intégration au développement et à la participation économique et politique. Cependant, une contradiction est apparue dans l'application des droits des femmes avec les interprétations de la charia qui prennent un poids important dans le droit de la famille.
Les mouvements féministes islamiques
Aujourd'hui, le rôle que la femme musulmane assume dans la société est devenu une question âprement débattue dans les États islamiques.
L'islam n'a pas toujours été une religion discriminante : dans les premières années de sa diffusion, il garantissait des droits aux femmes bien plus que d'autres codes et d'autres religions. Cependant, au fil des siècles, le rôle que les femmes ont assumé dans la société n'a pas été défini uniquement par les normes et comportements religieux établis dans le Coran, car ils sont entrelacés avec d'autres facteurs sociaux qui ont perpétué l'état d'infériorité et d'inégalité civile et juridique.
A ce stade, est-il juste d'analyser le rôle de la femme musulmane uniquement par rapport à l'islam ? Et bien qu'elle soit dans un état d'infériorité, sa position sociale est-elle vraiment si différente de celle des femmes des autres religions ?
Pour trouver des réponses à ces questions, il faut d'abord s'interroger sur le rôle réel que jouent les femmes musulmanes dans la société de ces pays, en s'éloignant le plus possible des stéréotypes sexistes qui ont toujours influencé l'analyse de la question.
Le responsable de la subordination de la femme musulmane n'est pas en soi seulement l'Islam, car les interprétations données au Coran par l'homme au cours des siècles sont alors devenues des lois et des impositions de préceptes religieux. Ceux-ci qui se sont eux même enracinés dans la structure familiale et dans la coutume sociale, faisant de l'islam une religion immobile et rétrograde.
Le rôle des femmes dans les sociétés islamiques ne s'est pas adapté aux nouvelles dynamiques historiques, pour arriver aujourd'hui au milieu d'une double contradiction, égalité théologique et inégalité sociale, qui a marqué l'image négative répandue dans la société occidentale.
Cependant, la femme ne reste pas silencieuse et en réaction à sa marginalisation, à partir du XXe siècle, elle entame un travail social intense pour la défense des droits, de l'égalité et de la liberté.
Sans aucun doute, la réussite de leurs objectifs a été difficile en raison de l'implication profonde de la religion dans la société, mais cela n'a pas découragé la revendication de droits.
