La Dépendance Financière : Mythe ou Réalité Pour Le Couple Hétéro.

En couple, une femme s’appauvrit, un homme s’enrichit.

La dépendance financière est une situation dans laquelle une personne ou une entité est incapable de subvenir à ses besoins financiers sans l'aide financière d'une autre personne ou d'une entité. Cette aide financière peut prendre différentes formes, telles que l'aide financière des parents, les prêts bancaires ou les subventions gouvernementales. La dépendance financière peut être temporaire ou à long terme et peut avoir des effets négatifs sur l'autonomie financière et l'estime de soi de la personne ou de l'entité dépendante.

C’est un tabou de la vie à deux : les hommes s’enrichissent et les femmes s’appauvrissent. Le couple hétéro coûte aux femmes. A elles les petits revenus et les dépenses du quotidien. A eux les plus fortes rémunérations et les bons placements. Explication de ces écarts de patrimoine et d'économie, qui vont croissants.
couple hétéro

Pourquoi la femme s’appauvrit quand elle est en couple ?


Quand on aime, on ne compte pas ?

Le magazine ELLE est sur le terrain. La journaliste relate : « On assiste à une scène : durant deux heures, visio contre visio, une femme en cours de séparation se désole…. Aline, la quarantaine, a osé poser une question : « Donc si je comprends bien, l’union libre, c’est la catastrophe ? J’aurais aimé savoir tout cela il y a dix ans… »

La conseillère, Heloïse Bolle possède son cabinet de conseil en finance et investissement : Oseille et Compagnie. Elle organise des ateliers pour aborder et informer, à celles qui le veulent, tous les domaines en lien avec les droits économiques des femmes. Pour résumé, Heloïse Bolle traite tous les sujets d’argent.
Elle passe donc en revue, à travers des réunions d’information : les régimes matrimoniaux, les règles basiques de l’épargne, les « biais de romantisme », les pièges des taux d’imposition.
Et le constat est alarmant. Les femmes sont les plus impactées car elles n’osent pas ou ne se préoccupent pas de leur sécurité financière. 

« Le but n’est pas de faire de vous des mantes religieuses, a-t-elle prévenu en début de réunion. Mais vous pouvez vous préoccuper de votre survie économique et de votre sécurité financière sans être une affreuse personne qui compte les carats. »

Héloïse Bolle ne ciblait pas particulièrement les femmes, mais voilà qu’elles représentent près de 90 % de sa clientèle. C’est bien le signe qu’un changement se fait sentir.

“ La plupart des gens sont naïfs sur les régimes matrimoniaux, ne savent pas vraiment ce qui est à eux, et finissent par tomber de haut. Je reçois dans mon bureau des femmes qui divorcent et se retrouvent dans des situations très injustes, par méconnaissance ou parce qu’elles ont oublié de penser à leurs intérêts. »
Héloïse Bolle oseille et compagnie

L’Etat français mène la dépendance économique

Dans une note révélée par Libération, l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes pointe la responsabilité de l’Etat dans la dépendance économique des femmes au sein des foyers.
Aide personnalisée au logement (APL) et prime d’activité conditionnées aux revenus du conjoint, obligation de vivre seule pour percevoir l’allocation de soutien familial (ASF)… Les femmes témoignent des conséquences délétères de ce système sur leur vie quotidienne.
L’Etat français mène la dépendance économique

Prenons l’exemple d’une assistante maternelle à domicile. 

« Depuis cinq ans, je perçois en moyenne 650 euros net par mois. J’habite dans l’Oise avec mon compagnon depuis mars 2021. Avant notre emménagement, je touchais 300 euros de prime d’activité par mois. Voulant être honnête, au moment de réactualiser ma situation en août, j’ai déclaré à la CAF qu’on vivait en concubinage depuis mars. On m’a alors sommé de rembourser 1 200 euros de prime d’activité en seulement vingt jours, sous prétexte que le foyer gagnait trop d’argent pour que je perçoive désormais cette aide. Il tenait compte du salaire de 2 000 euros net de mon conjoint, administrateur réseau, alors qu’aucun contrat ne nous unit ».

«Depuis, je ne touche cette prime que dans les périodes de creux, durant l’été, à hauteur de 86 euros. Avec mon conjoint, nous partageons les charges fixes à deux tiers-un tiers, pour les courses c’est 50-50. Je suis complètement lésée. Si j’avais su, je n’aurais pas déclaré ce concubinage, pour toucher ma prime d’activité et peut-être même des APL. Je trouve ça très sexiste qu’on nous pousse à dépendre de quelqu’un, particulièrement d’un homme. Malheureusement, on tombe amoureux très vite…»
couple faisant les comptes

La pension alimentaire est incluse dans mon revenu imposable, alors que mon ex a un crédit d’impôt.

«Quand mon fils avait 9 mois début 2010, je me suis retrouvée en fin de droits au chômage. A l’époque, j’étais en concubinage avec son père, également au chômage. Ce dernier touchant trop d’allocations – 1 500 euros –, je n’ai pas été éligible à l’allocation de solidarité spécifique, versée sous conditions de ressources aux personnes ayant épuisé leurs droits. Ni mariés ni pacsés, nous avions, selon la CAF, un devoir de solidarité. Pendant un mois, je n’ai eu aucun revenu. Les tensions préexistantes dans notre couple se sont amplifiées.

Nous avions déjà un enfant atypique, les problèmes financiers ont tout fait basculer. Ces tensions ont débouché sur des violences psychologiques mais aussi physiques. J’ai trouvé rapidement un job alimentaire, dans un centre d’appels, payé au smic. Pour moi, c’était une question de survie. J’ai fini par le quitter en 2012 et à porter plainte. Aujourd’hui, il verse une pension alimentaire de 300 euros, mais ne participe pas aux frais de santé de notre fils malgré son handicap. Je dois l’inclure dans mon revenu imposable alors que lui a un crédit d’impôt. Ce sont pourtant les revenus pour mon fils, pas les miens. Encore une fois, on fait un cadeau aux hommes
maman et enfant

Comment le couple enrichit les hommes et appauvrit les femmes

Il n'est pas vrai que toutes les femmes s'appauvrissent en couple. Cependant, dans certaines situations, les femmes peuvent être plus susceptibles de subir des impacts financiers négatifs en raison de facteurs tels que :
  1. Une différence de salaire : si les revenus des conjoints sont inégaux, il est possible que la femme ait un salaire inférieur au salaire de son partenaire, ce qui peut entraîner une répartition inégale des dépenses et des responsabilités financières.
  2. Une répartition inégale des tâches ménagères et domestiques : si la femme consacre la plupart de son temps à la gestion de la maison et de la famille, elle peut avoir moins de temps et d'opportunités pour travailler et générer des revenus supplémentaires.
  3. Une absence de soutien familial : si la femme assume principalement la charge de la famille et si elle ne bénéficie pas du soutien financier ou de l'aide des membres de sa famille ou de son partenaire, elle peut être contrainte de travailler plus dur pour subvenir aux besoins de sa famille.
  4. Des arrangements de pension alimentaire peu favorablement négociés : si la femme doit négocier des arrangements de pension alimentaire qui ne tiennent pas compte de ses besoins financiers à long terme et de sa capacité à subvenir à ses propres besoins, elle peut se retrouver confrontée à des difficultés financières.
cliché


La dépendance financière : une forme de violence psychologique

Selon une étude YouGov, 35 % des femmes sont financièrement dépendantes de leur partenaire masculin dans leur relation amoureuse. En d’autres termes, les hommes gèrent, dans ces couples, toutes les dépenses et les rentrées d’argent. Si cela n’est évidemment pas forcément synonyme d’abus, lorsque cette dépendance est associée à une forme de violence psychologique, elle peut être dévastatrice.

Selon les experts, la pandémie de Covid a aggravé le problème. Le fait de rester enfermé a non seulement augmenté les violences physiques, mais aussi les violences économiques.

Mais ces signes sont difficiles à détecter au premier coup d'œil, malheureusement. Le principe est le suivant : le contrôle des ressources économiques d’une personne par la restriction, l’exploitation ou le sabotage. Cela va donc au-delà de l’argent en soi. Les restrictions peuvent être faites sur la nourriture, les vêtements, le logement, le travail. La violence économique reste une des formes que peut prendre la violence conjugale.
dépendance financière

L’indépendance financière est-elle garante d’autonomie et d’égalité ?

La prédilection des couples à double revenu pour un système de gestion indépendante serait ainsi liée à la volonté partagée par les deux conjoints de préserver leur liberté et leur autonomie. Les femmes, de par leur refus du contrôle et de la dépendance à autrui, y seraient ainsi particulièrement attachées.

Un bon moyen de conjuguer l’indépendance économique avec l’égalité et la solidarité, qui sont des valeurs de la sphère conjugale largement partagées de part et d’autre, consiste à ce que chacun participe aux dépenses du ménage (qui comportent au minimum le loyer et l’alimentation) à parts égales ou proportionnellement à ses revenus. L’application de cette règle peut être très stricte, mais souvent les couples bricolent dans l’« à peu près », car la sphère familiale n’est pas une sphère où le calcul et les comptes sont valorisés.
euros billets
Cette organisation financière a peu d’incidence sur le standard de vie individuel lorsque les deux partenaires ont le même revenu. Cependant, il y a de plus fortes probabilités sociales que les femmes gagnent moins que leur partenaire. Cette probabilité risque d’être encore plus importante à l’arrivée des enfants.

Certaines femmes diminuent ensuite leur taux d’activité professionnelle pour s’occuper de l’éducation des enfants. Or cette répartition des charges a des conséquences préjudiciables pour celui ou plutôt celle qui a un revenu inférieur. Comme c’est le cas pour toutes les femmes dans ce cas de figure.
précarité femme

Les coûts invisibles que payent les femmes

Il y a une prise de conscience dans notre société des coûts invisibles que paient les femmes
Par exemple, le coût d’opportunité : puisque ce sont très majoritairement les femmes qui adaptent leur vie professionnelle à la famille, il y a tout cet argent qu’elles ne gagneront jamais car elles ont dû s’investir dans des activités non rémunératrices. Il y a aussi le coût esthétique, celui de la contraception – qu’elles sont bien souvent les seules à assumer –, ou encore le coût de la séparation. L’angle de l’argent était un prétexte pour parler de réalités dont on ne prend pas la mesure et qui sont sans cesse relativisées. Mais, à travers les chiffres, on peut parler aussi du temps et de l’énergie que les femmes donnent au couple, et plus largement à la société tout entière, sans en retirer ni gratitude ni reconnaissance.

Par conséquent, même si les femmes peuvent être vulnérables à certaines formes de discrimination financière en couple, les causes sous-jacentes de l'appauvrissement peuvent varier en fonction de chaque situation individuelle.

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