Pour être de meilleurs alliés du féminisme
Vous êtes un homme, et vous avez conscience de vivre dans une société sexiste ? Vous pensez que vous êtes l’égal d’une femme et que les rôles sociaux genrés devraient être abolis ? Vous êtes plein de bonnes intentions mais vous ne savez pas comment les appliquer ? Liberté Chérie™ a quelques conseils pour vous aider dans votre démarche.
Il n'y a pas de "guerre contre les hommes"
Nous avons délibérément choisi trois personnes de monde et de temps différents pour vous présenter leur façon de voir le féminisme dans sa globalité.
Sébastien, homme sage ou normal ?
Sébastien Chauvin est professeur associé au Centre en études genre de l’Université de Lausanne. Il est spécialiste sur la question du genre, de la
sexualité et sur l'
intersectionnalité. Cet écrivain, en 2020, énonce des questions fondamentales dans le livre "Introduction aux études sur le genre" telles que : Pourquoi offre-t-on des
poupées aux filles et des voitures aux garçons ? Pourquoi les
femmes gagnent-elles moins que les hommes ? Comment expliquer qu'elles effectuent les deux tiers du
travail domestique ? Le
genre est-il une identité ou une contrainte ? Le
pouvoir est-il intrinsèquement masculin ?
Il s’agit là de quelques-unes des nombreuses questions auxquelles s’intéressent les études sur le genre, devenues depuis une quarantaine d’années non seulement un champ de connaissances, mais aussi un outil d’analyse incontournable en sciences humaines et sociales.
Au-delà de la variété des phénomènes étudiés, son ouvrage développe plusieurs axes essentiels des études sur le genre : les différences dans les manières de voir, de penser et d’agir entre femmes et hommes sont le résultat d’une construction sociale ; l’analyse ne doit pas se limiter à l’étude « d’un » sexe, mais porter sur leurs relations ; le genre est un rapport de domination dont les modalités et l’intensité sont sans cesse re-configurées ; il doit s’analyser en lien avec les autres rapports de pouvoir qui traversent les sociétés.
Il conseille d'ailleurs les hommes sur leurs états d'esprit et sensibilise sur l'éducation qui est primordiale.
«Aux hommes qui nous lisent, j’ai envie de dire: «Vous devriez vous intéresser à ces questions, car elles s’intéressent à vous.» Pour agir correctement, il faut d’abord prendre conscience de son privilège. Qu’on soit un homme sympa ou pas, on bénéficie des avantages associés à la discrimination envers les femmes, quand bien même on n’y participe pas personnellement."
Son ouvrage "Travail gratuit et grèves féministes" soulève de multiples questions sur l'égalité homme-femme.
"Je pense aux femmes qui renoncent à faire carrière, à cause du harcèlement sexuel ou de la culture de «boys’ club» dans tel ou tel milieu professionnel. Qui dit discrimination des unes dit privilège des autres ! Autre exemple: dans l’univers domestique, il ne suffit pas de partager les tâches. Les travaux sur la «charge mentale» ont montré que le seul temps n’était pas une bonne mesure du partage réel: si on se contente d’«aider» en laissant la charge aux femmes, aux mères et aux sœurs, alors les dés sont pipés. En outre, lorsqu’un homme s’efforce d’assurer davantage de tâches, par exemple liées à la parentalité, on a tendance à lui dire bravo et à le juger particulièrement vertueux. Cela alors que les mêmes tâches effectuées par des femmes sont perçues comme normales ! Partager réellement, c’est aussi accepter de ne pas être félicité."
Rebecca, femme féministe visionnaire ?
Rebecca West, dont le véritable prénom était Cicely (qu'elle transformera plus tard en "Cicily") Isabel Fairfield, fut une écrivaine et féministe anglo-irlandaise nommée Commander of the Order of the British Empire (CBE) en 1949, et fut promue au rang de Dame Commander (DBE) en 1959.
La
féministe Rebecca West disait: «Je n’ai jamais réussi à définir le
féminisme. Tout ce que je sais, c’est que les gens me traitent de
féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson.» Le
féminisme est difficile à définir parce qu’il est pluriel. Il s’agit selon moi d’un mouvement social multiforme traversé par une constellation de discours et de pratiques qui convergent toutefois dans sa volonté à
redéfinir les rôles des femmes. Selon les tendances ou les courants de pensée, le projet de société que les
féministes défendent vise l’
émancipation des femmes de la domination et de l’exploitation des hommes ou bien l’élargissement de l’horizon des possibles par-delà les catégories
hommes et femmes et les comportements qui leur sont assignés.
Une autre de ses célèbres analyses est évocatrice sur la question du féminisme dans notre société et arbore un sujet intéressant, à savoir pourquoi la femme en tant que sexe est détestée et persécutée, alors qu'en tant qu'individu, elle est aimée, adorée et même avec une chance raisonnable, parfois vénérée.
Sifat, un homme ordinaire et extraordinaire ?
Nous avons demandé à
Sifat, jeune
homme féministe, vivant au Bangladesh, pays traditionaliste et conservateur, au
code patriarcal profondément ancré dans les moeurs, sa vision de l'
égalité hommes-femmes :
"Pour que les filles soient égales, nous avons besoin de plus de féministes masculins."
Dans la lutte pour l'égalité des sexes, il est important d'avoir des féministes masculins comme alliés. Sifat fait d'ailleurs campagne pour l'égalité des sexes et la fin du mariage des enfants dès le plus jeune âge. Le Bangladesh a l'un des taux de mariages forcés les plus élevés au monde. Plus de 50 % des femmes qui ont aujourd'hui entre 20 et 30 ans ont été mariées avant leur 18 ans.
Il peut voir comment l'inégalité entre les sexes dans sa communauté affecte les filles et les femmes au quotidien.
Les
meilleurs conseils de Sifat pour devenir un féministe masculin :
- Respectez le féminisme : respectez les autres qui œuvrent pour l'égalité des sexes
- Soyez innovant : l'innovation vous mènera à un public plus large
- Travaillez ensemble : trouvez des personnes partageant les mêmes idées et travaillez avec elles pour atteindre vos objectifs. Cela augmentera l'efficacité.
- Utilisez votre privilège : en tant qu'homme, vous avez automatiquement plus de privilèges que les filles et les femmes. Utilisez-le au profit du mouvement pour l'égalité des sexes. Cela ne réduira pas vos propres droits et étendra plutôt les droits des autres.
Comment être heureux à deux
Hommes et femmes ont plus de ressemblances qu’on ne l’imagine. L'éducation, l'égalité et le respect sont une forme de conclusion.
Les femmes ne sont pas un complément de l'homme. Les femmes sont comme les hommes. En tant que citoyennes, elles sont dans le modèle de la ressemblance : mêmes droits, mêmes devoirs. La voie vers l’égalité, c’est de mettre le phare sur ce qui nous unit et sur ce que nous avons en commun en tant qu’êtres humains. La liberté des femmes ne va pas sans la liberté des hommes. Et réciproquement.
Il est crucial d’
écouter les femmes, de lire les
textes féministes, de désapprendre certains comportements, et de faire un travail sur soi-même.
Il n'y a pas de "guerre contre les hommes" - nous savons maintenant que le féminisme est bon pour les hommes et pour les femmes !
