AVC : un enjeu de santé public en France
En général, on considère que les femmes réagissent autant que les hommes face aux accidents vasculaires cérébraux (AVC). Cependant, il est vrai que les femmes sont parfois moins bien diagnostiquées que les hommes lorsqu'elles sont victimes d'un AVC. Cela peut être dû à des stéréotypes de genre erronés qui considèrent les femmes comme moins susceptibles de subir un AVC que les hommes. Pourtant, c'est la première cause de mortalité chez les femmes en France.
Il est donc essentiel que les femmes soient éduquées sur les symptômes de l'AVC et qu'elles sachent comment réagir rapidement en cas de besoin. Il est également important que les professionnels de la santé soient conscients des éventuels biais de genre dans le diagnostic et la prise en charge des AVC afin d’optimiser les chances de survie et de récupération.
En France, les AVC représentent la deuxième cause de mortalité après les cancers. Chaque année, on dénombre 140 000 à 150 000 personnes qui sont victimes d'un AVC, dont près de 31 000 à 32 000 décès (source : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale 2022).
Le nombre total d'AVC en 2019, était plus élevé chez les femmes que chez les hommes à savoir : 1 352 soit 56% vs 1 074 soit 44%, de même que le nombre d'AVC incidents soit 1 062 femmes équivalent à 55% vs 855 hommes soit 45%.
Emmanuelle Gourtay, directrice générale de la
Fondation pour la recherche sur les AVC indique : "On estime que dans quinze ans, il y aura 40 000 décès par an : le nombre d’AVC tend à augmenter car la population vieillit". Soit une personne sur cinq aura un AVC dans sa vie.
Au niveau mondial, le nombre total d'AVC est aussi plus élevé chez les femmes que chez les hommes, avec une mortalité plus élevée chez les femmes. À noter que ces chiffres masquent de fortes disparités, liées notamment à l'âge et à la région. Le risque d'AVC chez un individu est lié aux facteurs de risque vasculaire.
Quant aux facteurs hormonaux, ils peuvent effectivement jouer un rôle dans l'attaque cérébrale, notamment chez les femmes. Par exemple, la prise de contraceptifs oraux peut augmenter le risque d'AVC chez certaines femmes. De même, la ménopause est souvent associée à une augmentation du risque d'AVC. Cependant, il convient de souligner que l'AVC peut toucher n'importe qui, indépendamment de l'âge, du sexe ou de tout facteur hormonal. La prise en charge précoce des symptômes reste le meilleur moyen de prévenir les complications graves.
Pourquoi les femmes réagissent moins rapidement face aux symptômes ?
Les femmes réagissent généralement moins vite aux symptômes d'un AVC que les hommes. En effet, les femmes ont tendance à minimiser les symptômes et à attendre avant de consulter un médecin. Cette différence peut s'expliquer par le fait que les femmes sont souvent plus occupées à s'occuper des autres (enfants, conjoints, parents âgés, etc.) et ont donc moins de temps pour elles-mêmes. Elles ont plus de faciliter pour certaines, à contrôler la douleur et à moins s'écouter. De plus, les femmes sont également souvent plus soumises à des facteurs de stress, comme le travail, la famille, etc.
Quels sont les facteurs de risque de l’AVC chez la femme ?
Les femmes ont des facteurs de risque supplémentaires par rapport aux hommes, souvent mal connus.
Le statut hormonal de la femme
Du fait de leur statut hormonal les femmes ont un risque plus important d’avoir un AVC par rapport aux hommes.
La prise de la pilule contraceptive associée au tabagisme augmente considérablement le risque d’AVC chez les femmes de moins de 35 ans. De même les contraceptifs oestroprogestatifs prescrits au moment de la ménopause peuvent favoriser la survenue d’un AVC. (N’hésitez pas évoquer le sujet avec votre gynécologue).
La grossesse peut également être un facteur de risque. On pense en effet à la prééclampsie cette maladie grave de la grossesse au cours de laquelle la pression artérielle de la jeune maman augmente mais aussi au diabète gestationnel.
Ces 2 pathologies de la grossesse augmentent significativement le risque de faire un AVC dans les années qui suivent. Un suivi médical très strict est donc nécessaire pour les femmes affectées par ces pathologies.
Enfin, la ménopause est également une période à risque cardio-vasculaire pour les femmes du fait de la diminution de leur taux d’oestrogènes dont on sait qu’ils ont un effet protecteur sur le système cardio-vasculaire. Au moment de la ménopause, les femmes comme les hommes doivent donc prendre rendez-vous chez un cardiologue.
Autres facteurs de risque majorés chez la femme
Si les facteurs communs à l’homme et à la femme sont l’hypertension artérielle, le diabète et l’hypercholestérolémie, certains facteurs de risques sont majorés chez la femme :
- Le diabète de type 1 ou diabète insulinodépendant.
- La fibrillation auriculaire (risque multiplié par 2 par rapport à l’homme).
- L’hypertension artérielle notamment au cours la grossesse et des années après celle-ci.

Quels sont les symptômes de l’AVC ?
Plus un AVC est pris en charge rapidement, plus les chances de survie et l’absence de séquelles importantes sont élevées. Il est donc important de connaître les symptômes d’alerte. Certains sont fréquents et on les retrouve autant chez les hommes que chez les femmes :
- Une faiblesse musculaire ou paralysie d’un ou de plusieurs membres ou du visage (hémiplégie).
- Une perte de sensibilité ou engourdissement d’un ou de plusieurs membres ou d’une partie du visage.
- Un mal de tête brutal et inhabituel.
- Des troubles visuels.
- Une difficulté à parler.
- Des troubles de l’équilibre ou de la coordination des membres.
- Un trouble de la vigilance pouvant aller jusqu’au coma.
Des symptômes spécifiques à la femme
En plus des manifestations communes aux deux sexes, on peut déceler d’autres symptômes chez la femme.
- Souffle court.
- Hallucinations.
- Nausées.
- Modification de la personnalité.
- Vertiges et perte de connaissance.
- Crise d’épilepsie subite.

Une prise en charge insuffisante chez les femmes
Pour
améliorer les connaissances sur l’accident vasculaire cérébral féminin, et son traitement, il est important d’initier davantage d’essais cliniques ou de recherches scientifiques intégrant des femmes. Une urgence que le
Parlement Européen avait d’ailleurs mentionnée dès 2016.
Pourtant en dépit de cette mise en garde, les difficultés de prise en charge de l’AVC chez la femme demeurent. Le délai entre la survenue de l’AVC et l’arrivée aux urgences est plus long lorsque la victime est une femme sans doute parce que les femmes restent hésitantes avant d’appeler les premiers secours quand il s’agit de leur santé alors qu’elles seraient très réactives pour appeler les secours quand il s’agit d’un tiers ou d’un proche.
Enfin, concernant la prise en charge au sein du monde médical encore beaucoup de médecins ne pensent pas immédiatement à l’AVC lorsqu’il s’agit des femmes et diagnostiquent des troubles psychiques. Une hérésie lorsqu’on sait combien la rapidité de prise en charge est essentielle.
9 mesures POUR TOUS pour réduire les risques
1. Contrôler sa pression artérielle : L’hypertension artérielle est le principal facteur de risque d’AVC et un hypertendu sur deux s’ignore et un sur deux qui le sait ne prend pas de traitement. La tension ne doit pas dépasser 14/9.
2. Avoir une activité physique régulière : Il est recommandé de marcher au moins 30 mn/jour.
3. Contrôler son cholestérol : L’hypercholestérolémie est, en effet, un facteur de risque.
4. Manger sainement : Privilégier les fruits, les légumes, le poisson, préparer soi-même les repas et réduire sa consommation de sel et de graisse (adieu la mayo !).
5. Avoir un poids « normal »: Le surpoids et l’obésité augmentent, en effet, le risque d’AVC.
6. Arrêter de fumer : Évidemment !
7. Contrôler son rythme cardiaque: Les causes cardiaques sont un facteur de risque, en particulier la fibrillation atriale.
8. Contrôler sa glycémie : Le diabète étant, lui aussi, un facteur de risque.
9. Limiter sa consommation d’alcool: Il est recommandé deux verres/jour maximum et ne pas consommer d’alcool tous les jours, dix verres maximum par semaine.
En France, les accidents vasculaires cérébraux représentent l’une des principales causes de décès chez les femmes. Hypertension artérielle, fibrillation atriale, tabagisme, diabète, surpoids, hypercholestérolémie… Beaucoup de facteurs de risque sont communs aux deux sexes. Mais certains sont propres aux femmes. Lorsqu'on associe des facteurs de risque comme le tabac, la contraception orale, auxquels il faudrait ajouter la migraine, le risque peut être multiplié par dix.
Il est toujours bon de rappeler qu'en cas de doute et/ou de symptôme, il est impératif d'appeler le 15 ou le 112 (numéro d'urgence européen).
